Une chambre côté mer
- Alice Bénar
- 28 mai
- 2 min de lecture
J'ai pris une chambre côté mer.
J'y ai mis les couleurs de mon indépendance. Des draps roses et jaunes,
Mon petit autel maritime,
Mes livres et mes carnets.
De la colle, des pinceaux et des feutres.
Mes fils à coudre sur bobines en bois, de toutes les couleurs.
Mes boucles d'oreilles et mes pull en laine.
Je peux ici laisser trainer mes culottes et mes rêves sans avoir peur de déranger.
J'ai une chambre à moi.
Ainsi la paix revient au milieu des objets familiers.
De nouveau je ressens le plaisir d'être chez moi.
Celui que j'ai goûté un jour petite,
Celui que j'ai goûté de nouveau une fois ou l'autre dans des appartements toulousains
Celui qui permet de ne pas avoir jamais à s'excuser d'être là.
Chez soi, lieu de sécurité, refuge.
Temple de l'élaboration et de la rêverie.
Lieu de repos, de création,
Hôpital des blessures de l'âme. Chez soi c'est important, chez soi c'est beaucoup.
Boudé depuis trop longtemps, car chez moi c'est depuis longtemps chez l'autre.
Chez moi, j'ai voulu croire que c'était le monde,
Car chez moi c'était contrainte, étouffement, pliée, ballotée, mise dans un coin,
Il ne faut pas déranger, parler trop fort, trop aimer d'être vivante.
Chez moi ne me plait pas, depuis longtemps.
Depuis trop longtemps.
Chez moi depuis longtemps je n'y trouve pas le plaisir d'être chez soi.
Aujourd'hui, c'est différent.
Grâce à toi, grâce à nous, j'ai de nouveau un chez moi.
J'ai pris la chambre côté mer.
Depuis cette chambre je peux percevoir les murmures de voyages.
Chaque éclat sur l'onde bleue se reflète sur mes murs.
La lumière ouvre l'espace d'une horizon à perte de vue
Et me permet depuis longtemps de savourer chez moi
Le délicieux goût de la liberté d'être chez soi.

Comentarios